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Présentation

Les livres d’artistes pour la jeunesse
dans l’agglomération Pau Béarn Pyrénées

Décrire une collection

La principale étape dans la constitution du fonds de livres d’artistes pour la jeunesse du réseau des médiathèques de la Communauté d’agglomération se situe en 2008 sous la forme d’une exposition présentée du 21 novembre au 11 décembre à la bibliothèque municipale Paul Lafond. Cette exposition s’appuyait sur une série d’acquisitions et sur une bibliographie à destination du public réalisées par la responsable du service jeunesse. L’exposition s’est prolongée par le biais d’un programme pérenne de médiation à destination des écoles maternelles et primaires ainsi que des collèges de l’agglomération. Quant aux livres d’artistes, ils se trouvent désormais, pour certains regroupés dans le domaine « Art/livres singuliers » du secteur « Benjamin » de la médiathèque André Labarrère qui a pris la place de la bibliothèque Paul Lafond fermée en 2011. Les autres livres sont disséminés, en réserve ou dans divers secteurs de cette médiathèque tandis que d’autres établissements du réseau ont également acquis leurs propres exemplaires. Le fonds palois et les actions de médiation qu’il nourrit sont représentatifs du rôle de premier plan joué par les bibliothèques et les médiathèques dans l’acquisition et la diffusion des livres d’artistes contemporains. Il illustre également l’influence, en amont, de l’association Les trois ourses fondée en 1988 par Odile Belkeddar, Élisabeth Lortic et Annie Mirabel et dissoute en mars 2019. Pendant trente ans, Les trois ourses a diffusé et édité des livres d’artistes, réalisé des expositions et proposé des formations aux bibliothécaires. L’une de ces formations a inspiré l’exposition de 2008. Plus de dix ans après celle-ci, les bibliothécaires et agents du patrimoine de l’espace jeunesse de la médiathèque André Labarrère ont programmé d’entreprendre, à partir de 2022, la rédaction d’une fiche domaine sur le fonds de livres d’artistes de cet espace avec la perspective d’en préciser le public, la politique d’acquisition et d’en renforcer la valorisation.

À partir de 2010, l’Université de Pau et des Pays de l’Adour (UPPA) s’est impliquée à son tour pour faire connaître ce fonds local et, grâce à celui-ci, pour faire découvrir les livres d’artistes pour la jeunesse par le biais de cours destinés à ses étudiants de licence et d’expositions présentées physiquement dans les locaux de la médiathèque et de l’Université et virtuellement. Dans le cadre de la visite virtuelle de l’exposition « À la découverte des livres d’artistes de la médiathèque André Labarrère », programmée du 2 au 20 mars 2020 à la bibliothèque universitaire du site palois de l’Université, les ouvrages sélectionnés pour être exposés ont été définis comme les « œuvres de créateurs – peintres, photographes, graphistes, designers, plasticiens – qui, à la croisée de l’art et de la pédagogie, se sont saisis du livre comme d’un moyen d’expression pour explorer le langage des formes, des couleurs et des matières », plaçant ainsi « l’objet livre au cœur de leur création1 ».

Définition et délimitation de la collection de livres d’artistes pour la jeunesse de l’agglomération Pau Béarn Pyrénées sont liées comme le montrent les exemples que constituent trois fonds : celui de la Bibliothèque municipale de Lyon, celui du Cabinet du livre d’artiste, celui du centre de documentation du MAC VAL (Musée d’Art Contemporain du Val de Marne).

Une étude sur le livre d’artiste et deux collections de référence

L’ouvrage de référence sur un genre qui se situe à l’intersection de l’art et du livre n’aborde pas le secteur des publications pour la jeunesse. Il s’agit d’Esthétique du livre d’artiste (1960-1980) publié par la philosophe Anne Mœglin-Delcroix en 1997, puis réédité en 2011 dans une version revue et augmentée2. Dans cette étude, Anne Mœglin-Delcroix définit le livre d’artiste comme l’œuvre de créateurs qui appréhendent le codex d’une manière originale en transformant « le médium en matériau pour donner à l’idée une forme3 ». Elle souligne que cette définition émancipe totalement son objet d’étude de la tradition française qui inscrit le livre d’artiste dans la lignée des livres de bibliophilie et de dialogue entre un artiste et un écrivain. Pour Anne Mœglin-Delcroix, la bibliophilie produit, non pas un matériau traduisant une idée sous une forme plastique, mais un « objet4 » dont la sophistication même représente un risque de perte de maîtrise de l’artiste sur son propre travail et de dépendance accrue par rapport à d’autres intervenants, comme le maquettiste, l’imprimeur, le relieur et, surtout, l’éditeur : « c’est lui, et non l’artiste, qui est la cheville ouvrière5 » du livre de bibliophilie. À l’instar des gravures et des photographies, les livres d’artistes sont des œuvres qui se caractérisent par leur reproductibilité. Ils peuvent ainsi répondre au projet politique « d’un art à la portée de tous6 ».

Comme le précise le titre de ses deux éditions (« 1960-1980 »), l’ouvrage d’Anne Mœglin-Delcroix porte sur une période restreinte qui commence en 1963 avec la parution de Twentysix Gazoline Stations, un livre d’images photographiques signé Ed Ruscha. Il associe la production de livres d’artistes avec les avant-gardes qui se sont développées aux États-Unis et en Europe dans les années 1960 et 1970 en explorant les ressources du codex. Les recherches d’Anne Mœglin-Delcroix, qui a été chargée de la collection des livres d’artistes du Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France entre 1979 et 1994, ont guidé d’autres collections de livres d’artistes, comme celles de la Bibliothèque municipale de Lyon et du Cabinet du livre d’artiste7.

Dans sa présentation en ligne, la Bibliothèque municipale de Lyon place explicitement ces recherches à l’origine de sa création d’une collection complémentaire à celle de ses livres illustrés : « Au milieu des années 1990, la réserve de bibliophilie de la BM Lyon s’est ouverte à un nouveau genre esthétique : le livre d’artiste (artist’s book), alors en pleine théorisation en France grâce aux travaux d’Anne Mœglin-Delcroix8 ». Suivant la perspective de ceux-ci, le fonds « représente les pionniers du livre d’artiste (ouvrages de Dieter Rot, Ed Ruscha, Christian Boltanski, mouvements Fluxus et conceptuel) mais s’attache aussi à suivre les générations nouvelles : Ludovic Burel, Jean-Marc Cerino, Rémy Jacquier, Hubert Renard, Jean-Jacques Rullier, Aurore Chassé, Olivier Monné, Hélène Leflaive9 ».

Depuis 2006, le Cabinet du livre d’artiste complète les actions des Éditions incertain sens et leur programme de publications et de recherches autour du livre d’artiste initié en 2000 par Leszek Brogowski et soutenu par l’Université Rennes 2, par l’École des beaux-arts de Rennes ainsi que par le Fonds régional d’art contemporain. Leszek Brogowski co-dirige, avec Anne Mœglin-Delcroix et Aurélie Noury, « Collection grise » consacrée à la recherche sur les publications d’artistes10. Dispositif de lecture au mobilier réalisé successivement par les plasticiens Bruno Di Rosa puis Sarah Chantrel et Samir Mougas et lieu d’exposition, le Cabinet du livre d’artiste conserve, en 2021, un fonds de quatre mille titres répartis entre livres d’artistes et études documentant ceux-ci11.

Dans la logique de l’ouvrage d’Anne Mœglin-Delcroix, ni la Bibliothèque municipale de Lyon, ni le Cabinet du livre d’artiste ne comporte de domaine dédié aux enfants12. Notre hypothèse est que le livre d’artiste pour la jeunesse est doté de formes, d’enjeux et d’une histoire qui lui sont propres. Dans cette perspective, le fonds du centre de documentation du Musée d’art contemporain du Val-de-Marne (le MAC VAL) offre l’intérêt de comporter un secteur consacré aux livres d’artistes pour la jeunesse. En présentant en ligne une réflexion explicite sur sa propre collection, il se distingue au sein des établissements et des espaces qui conservent ce genre de livre en France et en Europe13.

La collection du centre de documentation du MAC VAL

En écho aux œuvres conservées par le musée inauguré en 2005 et consacré à la création artistique depuis 1950, le centre de documentation du MAC VAL a réuni une collection de livres d’artistes en s’appuyant explicitement sur une appréhension du genre plus large que celle de l’étude d’Anne Mœglin-Delcroix. Sa présentation en ligne14 reprend un article publié en 2016 par Céline Latil dans le dossier Des livres d’artistes pour les enfants de la revue NVL15. La responsable du centre de documentation du MAC VAL indique que le fonds développé depuis 2005 tente « d’être représentatif du travail des artistes autour du medium "livre", mais aussi de montrer la diversité des formes et des pratiques artistiques actuelles autour de l’édition artistique, sans adhérer à une définition ou une "chapelle" particulière16 ». Elle élargit l’histoire du genre, en amont de la parution de Twentysix Gazoline Stations, en signalant que Georges Hugnet, proche des surréalistes, utilise déjà en 1936 l’expression « livre d’artiste » pour « qualifier ses créations livresques »17. Quant à la collection, elle comprend des livres de dialogue associant un poète et un plasticien dans la tradition du livre de bibliophilie et des livres d’artistes pour enfants.

Dans ce domaine, Céline Latil offre des exemples en citant des créateurs appartenant à différentes générations : El Lissitzky (né en 1890), Nathalie Parain (née en 1897), Bruno Munari (né en 1907), Sophie Curtil (née en 1949), Miloš Cvach (né en 1945), Katsumi Komagata (né en 1953), Marjon Mudde (née en 1958), Julia Chausson (née en 1977), Icinori (nom d’artiste de Mayumi Otero née en 1985 et Raphael Urwiller né en 1984). En plus de proposer ces jalons dans l’histoire du genre, elle définit le type d’ouvrage appartenant à celui-ci comme le « support de création d’un artiste qui travaille le contenant (forme et matériaux) et le contenu (texte et image) comme un tout indissociable18 ». Elle signale explicitement que « la frontière est parfois mince avec des albums dont le travail d’illustration ou de graphisme est d’une grande richesse plastique19 ». Elle indique aussi, implicitement, que la frontière peut se révéler également incertaine avec les livres d’éveil et les documentaires d’initiation à l’art qui, selon elle, partagent la vocation « pédagogique20 » du livre d’artiste. Dans cette perspective, le centre de documentation du MAC VAL s’appuie sur les œuvres de sa collection pour développer des projets pédagogiques : le livre d’artiste est utilisé « pour aborder des premières notions simples (repères dans l’espace, forme, couleur, gestes artistiques…)21 » en crèche et en maternelle, comme une propédeutique à l’appréhension des œuvres dans les salles d’exposition du musée, pour faire découvrir des artistes et pour expérimenter leurs techniques.

Le point de vue des spécialistes du livre pour enfant

L’acception et l’empan historique que Cécile Latil donne aux livres d’artistes pour enfants, son constat que les frontières entre ce genre et d’autres sont incertaines font écho aux définitions des spécialistes de l’édition pour la jeunesse quand ceux-ci font usage de la notion. Ce n’est pas toujours le cas. Dans La littérature de jeunesse, par exemple, Nathalie Prince dresse une typologie dont le livre d’artiste est absent. Elle répertorie, en revanche, toute une série de genres voisins, pouvant le recouper, voire l’englober : documentaire, livre d’activité, livre illustré, album ou livre d’images, livre d’art, « livres-objets, en forme de tracteurs, de fleurs, d’objets, ou d’animaux, qui sont davantage considérés comme des jouets que comme des livres, exhibant des formes excentriques, des changements de support, de matière et qui répondent à des fonctions diverses : livre-oreiller, livre-bain, livre-tente22 », livre animé, imagier, abécédaire23. Le livre d’artiste ne compte pas, non plus, de notice spécifique dans les dictionnaires de référence que sont The Oxford Companion to Children’s Literature et le Dictionnaire du livre de jeunesse24 tout en étant, cependant, mentionné à plusieurs reprises dans ce dernier.

Michel Defourny intitule ainsi la deuxième des trois parties de la notice « livres d’art » « livres d’artistes ». Il définit ces œuvres, par référence à l’ouvrage d’Anne Mœglin-Delcroix, comme « des livres qui sont des créations plastiques à part entière »25. Il cite les noms des « plasticiens contemporains »26 que sont Louise-Marie Cumont (née en 1957), Miloš Cvach, Sophie Curtil et Katsumi Komagata et, dans la seconde partie de la notice, intitulée « créations artistiques pour enfants », il propose différents jalons historiques en faisant notamment référence, comme Céline Latil, à El Lissitzky et à Bruno Munari. Comme la responsable du centre de documentation du MAC VAL, il évoque la proximité, voire la parenté, du livre d’artiste avec d’autres genres : album, album de coloriage, livre d’activités.

Ces éléments trouvent des échos dans d’autres publications de Michel Defourny ainsi que dans les notices « Abécédaires », « Édy-Legrand », « Hellé, André », « Pacovská, Květa27 » du Dictionnaire du livre d’enfance et de jeunesse. Ces notices font usage du terme « livre d’artiste » et elles citent d’autres titres ayant fait date, comme An Alphabet édité par le graveur et affichiste William Nicholson chez Heinemann en 189728, le livre d’André Hellé paru en 1911 sous les titres Drôles de bêtes et L’Arche de Noé, Macao et Cosmage publié en 1919 par Édy-Legrand, les livres signés par Květa Pacovská à partir des années 1990. Dans la notice d’André Hellé, Annie Renonciat ajoute au jalon historique que constituent les livres de celui-ci des repères en matière de définition du genre : le livre d’artiste se distingue de l’album dans la mesure où son créateur l’a conçu « en totalité – textes, dessins, calligraphie, maquette29 ».

Cette notion de « totalité » se retrouve dans l’article « À l’aube du livre d’artiste pour enfants » publié dans le catalogue d’exposition Livre et enfance. Entrecroisements par Michel Defourny30. Celui-ci fait de la « recherche d’une totalité harmonieuse qui prend en compte l’ensemble des composantes du livre »31 la caractéristique de Songs of Innocence (1789) dont William Blake a écrit les poèmes et dessiné, gravé, colorié à la main les images ainsi que des œuvres de Walter Crane (né en 1845)32. À cette présentation du livre d’artiste pour enfants et de ses premières réalisations, il ajoute une proposition de typologie du genre structurée en « sept familles » : « Du livre au jeu / Du jeu au livre », « Que c’est ennuyeux un livre sans images », « Ne touche pas ! », « Histoire de formats », « Assembler, classer, relier », « Panoramas et accordéons », « Jeux de lettres, de chiffres et de formes33 ». Dix ans plus tôt, dans un autre catalogue d’exposition, Élisabeth Lortic, l’une des fondatrices des Trois ourses, l’association qui a édité ou diffusé en France les œuvres de Bruno Munari, Louise-Marie Cumont, Miloš Cvach, Sophie Curtil et Katsumi Komagata, définissait déjà les livres d’artistes pour la jeunesse comme « le fruit d’un travail global d’un artiste »34 et offrait une autre typologie composée de huit catégories : « l’air », « la matière », « le signe », « le volume », « le symbole », « la lumière », « l’espace », « le temps35 ».

Dans son texte de présentation de la collection du centre de documentation du MAC VAL, Céline Latil évoque « les différentes définitions possibles »36 du livre d’artiste pour enfant. Les spécialistes du livre pour enfant qui se réfèrent à cette notion s’appuient, eux aussi, sur une définition consensuelle et sur une approche ouverte. Ils mettent en avant le critère de conception « globale » ou « totale » du livre. Ils citent des créateurs s’inscrivant dans des domaines artistiques variés, des œuvres appartenant à des esthétiques diverses et invitent à voir que la réalisation de livres d’artistes pour la jeunesse remonte au dix-neuvième siècle.

L’empan historique de la collection et les principes qui ont guidé sa délimitation

Songs of Innocence (1789) est-il un livre pour enfants ? The Oxford Companion to Children’s Literature offre une réponse ambiguë en consacrant l’une de ses notices à William Blake tout en précisant que Songs of innocence n’a pas été conçu pour les enfants37. Même si Songs of Innocence n’est pas l’un des premiers livres d’artiste pour la jeunesse, il peut être utile de garder « les yeux fixés38 » sur son auteur, comme le conseille Élisabeth Lortic, dans la mesure où celui-ci a « su intégrer sa création dans une conception globale maîtrisant l’ensemble du processus39 ». Un siècle plus tard, Walter Crane a écrit des ouvrages historiques et théoriques pour défendre la nécessité de préserver « l’unité essentielle de l’art40 » dans une époque marquée, selon lui, par l’essor de la spécialisation. Dans la perspective d’appliquer cette unité à la création de livres, il a loué la démarche artistique de William Blake qui a pris en compte « la relation nécessaire entre l’illustration et la typographie41 ». Peintre symboliste et membre du mouvement Arts and Crafts, il a réalisé des livres pour enfants nourris par sa conception d’un art global. Il a commencé sa carrière dans ce domaine en 1863 grâce à la rencontre d’Edmund Evans, imprimeur et graveur sur bois. Il a fait du toy book, mince fascicule contenant six ou huit pages d’illustrations en couleurs qui, parfois, alternent avec des pages de texte42, l’espace d’un dialogue entre ses pratiques artistiques43. En 1876, faute d’avoir trouvé un accord financier avec Routledge qui refuse de rémunérer les toy books en « royalty44 », il livre à l’éditeur The Baby’s Opera (1877), un recueil de comptines réalisé, avec l’aide d’Edmund Evans, dans un format carré repris en 1878 dans The Baby’s Bouquet et, en 1887, dans The Baby’s Own Aesop. Ce livre conçu comme une création totale comprenant la réalisation de la couverture, de la reliure, des pages de garde et de la typographie transpose l’appréhension de l’architecture par les représentants des Arts and Crafts. Sur le modèle de William Morris élaborant, seul ou en collaboration, l’intégralité des fresques, des vitraux et du mobilier de la Red House dessinée par l’architecte Philipp Webb, ceux-ci considèrent que l’architecture forme un tout avec la décoration intérieure et ils conçoivent, non seulement le bâtiment, mais aussi chaque élément des pièces et de leur mobilier en fonction de l’ensemble.

La collaboration de Walter Crane et d’Edmund Evans, qui aboutira aux trois livres carrés parus entre 1877 et 1887, fixe le terminus a quo de la collection de l’agglomération Pau Béarn Pyrénées dont les livres les plus récents sont contemporains de la réalisation des notices qui s’est achevée en mai 2022. Avec l’objectif d’offrir un accès large à des ressources, la délimitation de la collection s’est appuyée, parfois au-delà des éléments de définition rappelés ici, sur les usages des spécialistes du genre, comme Michel Defourny et Élisabeth Lortic, et sur les choix opérés par le centre de documentation du MAC VAL.

La collection comprend des ouvrages conservés dans le domaine « Art/livres singuliers » du secteur « Benjamin » de la médiathèque André Labarrère comme dans d’autres rayons du plateau jeunesse de cet établissement, dans les différentes médiathèques du réseau ainsi qu’à la bibliothèque universitaire du site palois de l’Université de Pau et des Pays de l’Adour et à la bibliothèque patrimoniale. Les notices indiquent à propos de chacun des livres le nom de l’artiste qui l’a réalisé (le nom de plume si le créateur a recours à un pseudonyme), le titre, le lieu d’édition, l’éditeur, l’année d’édition, le format, l’ISBN, le lieu de conservation des exemplaires dans l’agglomération paloise et elles proposent une description. À ces indications, certaines notices ajoutent des informations sur la genèse et l’histoire du livre, sur ses interprétations ainsi que des références bibliographiques. Toutes les descriptions renseignent sur la taille du livre en indiquant, d’abord, la hauteur pour tous les formats, puis la largeur des formats en hauteur, carrés et oblongs, et la longueur totale des leporellos45.


  1. https://alter.univ-pau.fr/fr/activites-scientifiques/manifestations-scientifiques/expositions.html.↩︎

  2. Anne Mœglin-Delcroix, Esthétique du livre d’artiste (1960-1980), Jean-Michel Place et Bibliothèque nationale de France, 1997 ; Esthétique du livre d’artiste (1960-1980). Une introduction à l’art contemporain, Bibliothèque nationale de France et Marseille, le Mot et le reste, 201. Sauf mention contraire, le lieu d’édition est Paris.↩︎

  3. Anne Mœglin-Delcroix, Esthétique du livre d’artiste (1960-1980), édition de 2011 citée, p. 3.↩︎

  4. Ibid., p. XIV.↩︎

  5. Ibid., p. XV.↩︎

  6. Ibid., p. XII.↩︎

  7. À ces collections, s’ajoutent celle du Centre du livre d’artiste (le cdla) et celle de la réserve de la bibliothèque Kandinsky (centre de documentation et de recherche du musée national d’art moderne).↩︎

  8. https://www.bm-lyon.fr/collections-patrimoniales-et-specialisees/explorer-les-collections/article/livres-d-artistes (page consultée le 7 janvier 2022). En 2022, le catalogue répertorie 532 notices de livres d’artistes et d’études documentant ceux-ci. Ces ouvrages sont tous consultables, une partie d’entre eux peut être empruntée.↩︎

  9. Ibidem.↩︎

  10. https://sites-recherche.univ-rennes2.fr/cabinet-livre-artiste/incertain-sens/collection_grise.htm (page consultée le 7 janvier 2022).↩︎

  11. Des présentations d’Incertain sens et du Cabinet du livre d’artiste peuvent être consultées en ligne : www.incertain-sens.org, www.sans-niveau-ni-metre.org, https://www.cnap.fr/node/76522 (pages consultées le 27 août 2021). Tous les livres du Cabinet du livre d’artiste sont consultables et peuvent être empruntés.↩︎

  12. Dans un article paru en 1998, Anne Mœglin-Delcroix aborde la question, absente de son ouvrage, du lien des artistes de son corpus et du livre pour enfants en nuançant sa position liminaire selon laquelle le livre d’artiste, en tant qu’œuvre d’art, « n’a pas pour finalité de s’adresser à une clientèle particulière » (Anne Mœglin-Delcroix, « De l’alibi à l’utopie. Enfance et esprit d’enfance dans le livre d’artiste », dans Livres d’enfances, Saint-Yrieix-la-Perche, Pays-Paysage, 1998, p. 9). Citant la démarche de Robert Filliou, elle propose de considérer que, pour un artiste, créer des livres pour des enfants dans une perspective pédagogique relève d’un geste politique visant, par le jeu, à « renverser » le monde, c’est-à-dire à « le remettre sur ses pieds » (ibid., p. 18).↩︎

  13. Parmi ceux-ci figurent, par exemple, en France, la Bibliothèque nationale de France, le fonds patrimonial Heure joyeuse, la bibliothèque départementale de Seine-et-Marne qui présente en ligne sa collection constituée depuis 2003 et centrée sur les livres d’une quarantaine de créateurs contemporains ainsi que ses actions de médiation : https://mediatheque.seine-et-marne.fr/fr/les-livres-dartiste-pour-la-jeunesse (page consultée le 27 août 2021). Le fonds patrimonial Heure joyeuse, qui a hérité du nom et des collections de la première bibliothèque française pour enfants conçue sur le modèle américain et inaugurée en 1924, représente actuellement la seconde collection de documents jeunesse (livres, dessins originaux, fonds d’archives éditoriales) au niveau national, après la BnF. Il conserve les archives de l’association Les trois ourses, diffuseur, promoteur et éditeur important de livres d’artistes pour les enfants. Dans son catalogue (https://bibliotheques-specialisees.paris.fr/advancedsearch/:new, page consultée le 24 mai 2022), il répertorie comme « livre d’artiste » des œuvres fabriquées en nombre limité, à la main ou avec des presses particulières. Les notices du catalogue général de la BnF concernant les livres d’artistes pour enfants ne mentionnent pas systématiquement la nature du document. Quant au classement, il dépend du mode d’acquisition. Si l’artiste dépose lui-même son livre, celui-ci intègre la réserve des livres rares. Si l’ouvrage entre dans les collections par un achat, il entre dans la réserve propre au Centre national de la littérature pour la jeunesse. À l’échelle de l’Europe, un fonds de référence se trouve en Italie : l’ÓPLA, fondée en 1997 en collaboration avec l’éditeur milanais Corraini au sein de la bibliothèque municipale de Mérano, conserve environ huit cents titres en lien avec les livres d’artistes pour enfants.↩︎

  14. http://doc.macval.fr/default/livres-dartistes.aspx?_lg=fr-FR (page consultée le 27 août 2021). Le fonds comprend des livres de bibliophilie ou d’édition courante réalisés par des plasticiens, des livres d’artistes tournés plus particulièrement vers le jeune public, des études et une documentation sur la collection.↩︎

  15. Céline Latil, « Des éditions d’artistes au MAC VAL », dans NVL. Nouvelles du livre jeunesse n° 208, 2016/2, p. 5-10. Céline Latil est la responsable du centre de documentation du MAC VAL depuis 2004. La présentation en ligne a supprimé le titre de l’article.↩︎

  16. http://doc.macval.fr/default/livres-dartistes.aspx?_lg=fr-FR (page consultée le 27 août 2021).↩︎

  17. Ibidem.↩︎

  18. Céline Latil, « Des éditions d’artistes au MAC VAL », op. cit., p. 8.↩︎

  19. Ibidem.↩︎

  20. Ibid., p. 10.↩︎

  21. Ibidem.↩︎

  22. Nathalie Prince, La littérature de jeunesse, troisième édition, Armand Colin, 2021, p. 32.↩︎

  23. Ibid., p. 32-35. D’autres ouvrages de référence sur les publications pour la jeunesse font l’économie de la notion au profit du terme d’album. C’est le cas de Cécile Boulaire dans Lire et choisir ses albums (Didier jeunesse, 2018), un ouvrage qui fait référence à Nella notte buia (1956) et I Prelibri (1980) de Bruno Munari, et d’Isabelle Nières-Chevrel qui cite Nella nebbia di Milano (1968) du même créateur dans Introduction à la littérature de jeunesse en évoquant l’héritage des livres à système du dix-neuvième siècle « dans les albums contemporains » (Didier jeunesse, 2009, p. 129-130).↩︎

  24. Humphrey Carpenter et Mari Prichard, The Oxford Companion to Children’s Literature, Oxford, Oxford University Press, 1984 ; Isabelle Nières-Chevrel et Jean Perrot (dir.) Dictionnaire du livre de jeunesse, Éditions du Cercle de la Librairie, 2013.↩︎

  25. Michel Defourny, « Livres d’artistes », dans Dictionnaire du livre de jeunesse, éd. cit., p. 610.↩︎

  26. Ibidem.↩︎

  27. Marie-Pierre Litaudon, « Abécédaires », dans Dictionnaire du livre de jeunesse, éd. cit., p. 1-5 ; Annie Perrot, « Édy-Legrand », dans Dictionnaire du livre de jeunesse, éd. cit., p. 328-329 ; Annie Renonciat, « Hellé, André », dans Dictionnaire du livre de jeunesse, éd. cit., p. 457-458 ; Cécile Boulaire, « Pacovská, Květa », dans Dictionnaire du livre de jeunesse, éd. cit., p. 709-710.↩︎

  28. Aurélie Blanc a présenté en ligne ce livre dont la Bibliothèque Diderot de Lyon (BDL) conserve un exemplaire : https://bibulyon.hypotheses.org/7262 (page consultée le 10 septembre 2021).↩︎

  29. Annie Renonciat, « Hellé, André », op. cit., p. 457.↩︎

  30. Michel Defourny, « À l’aube du livre d’artiste pour enfants », dans Livre et enfance. Entrecroisements, Morlanwelz, Atelier du livre de Mariemont, Noville-sur-Mehaigne, Éditions Esperluète, 2008, p. 21-24.↩︎

  31. Ibid., p. 23.↩︎

  32. Ibidem. Michel Defourny cite, plus précisément, « les auteurs illustrateurs qui ont participé au mouvement anglais Arts and Crafts, de la seconde moitié du dix-neuvième siècle : Walter Crane, Randolph Caldecott et Kate Greenaway ». En fait, au sein de ce trio aux œuvres gravées et imprimées par Edmund Evans, seul Walter Crane a appartenu au mouvement Arts and Crafts et pensé le livre dans sa totalité. Sur les trois artistes, on peut lire, par exemple, François Fièvre, « L’œuvre de Walter Crane, Kate Greenaway et Randolph Caldecott, une piste pour une définition de l’album », dans Strenæ, n° 3, 2012 (publication en ligne).↩︎

  33. Michel Defourny, « Un cabinet de curiosités », dans Livre et enfance. Entrecroisements, éd. cit., 2008, p. 25-82.↩︎

  34. Élisabeth Lortic, « Des livres d’artistes pour enfants », dans Livres d’enfances, Saint-Yrieix-la-Perche, Pays-Paysage, 1998, p. 30. Cet article est repris sous le titre « Des livres, de l’art, des enfants... » dans Quand les artistes créent pour les enfants. Des objets livres pour imaginer, Autrement, « Le Mook Autrement », 2008, p. 7-12 et complété par « Des livres pour enfants faits par des artistes », dans BIBLIOthèque(s) n° 10, août 2003, p. 43-45.↩︎

  35. Élisabeth Lortic, « Des livres d’artistes pour enfants », op. cit., p. 30-34 ; « Des livres, de l’art, des enfants... », op. cit., p. 6-12.↩︎

  36. Céline Latil, « Des éditions d’artistes au MAC VAL », op. cit., p. 8.↩︎

  37. « Blake, William », dans Humphrey Carpenter et Mari Prichard, The Oxford Companion to Children’s Literature, éd. cit., p. 65-66.↩︎

  38. Élisabeth Lortic, « Des livres pour enfants faits par des artistes », op. cit., p. 43.↩︎

  39. Ibidem.↩︎

  40. « In an age when, owing the action of certain economic causes – the chiefest being commercial competition – the tendency is to specialize each branch of design, which thus becomes isolated from the rest, I feel important to keep in mind the real fundamental connection and essential unity of art » (Walter Crane, The Bases of Design, Londres, George Bell, 1898, p. VI).↩︎

  41. « William Blake seems to have been the only artist who made any attempt to consider the necessary relation of illustration and type » (ibid., p. 116).↩︎

  42. Sur le sujet, voir, par exemple, « Toy book », dans Humphrey Carpenter et Mari Prichard, The Oxford Companion to Children’s Literature, éd. cit., p. 537.↩︎

  43. Sur le sujet, on peut lire, par exemple, Isabelle Guillaume, « Walter Crane : de l’album considéré comme un des Beaux-Arts », dans Cahiers victoriens et édouardiens, n° 96, automne 2022 : http://journals.openedition.org/cve/11993 (page consultée le 20 novembre 2022).↩︎

  44. Walter Crane, « Notes on my Own Book’s for Children », dans The Imprint, 1913, p. 82.↩︎

  45. Nos remerciements vont à la médiathèque André Labarrère (en particulier à Julia Mervin et Laurence Lebfevre) ainsi qu’au fonds patrimonial Heure joyeuse (en particulier à Hélène Valotteau,Christelle Moreau et Audrey Carbonneaux le Perdriel) pour l’accueil et les échanges.↩︎